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🎙️Podcast : l'influence virtuelle avec Murielle Ballayer

Dernière mise à jour : 20 nov. 2023


Cliquez ici pour lire le podcast



"La durée de vie d'un influenceur humain est de 6 à 8 ans,
"Un influenceur virtuel est faux mais ca au moins c'est vrai"
☀️ C'est l'été avec Luxurytail !
Bienvenue dans le podcast "L'été avec Luxurytail : Le Pouvoir du Web3".
Je suis Sabine et je suis ravie de partager avec toi ma nouvelle passion pour le Web3.
🎙️Dans ce 4ème épisode, on te parle d'influenceurs : pas les marseillais ni la villa des coeurs brisés, mais ceux qui ont une vie éternelle : les influenceurs virtuels.
💡Muriel Ballayer, Fondatrice de l'agence KOL ME Iconic, la Fabrique des supers-héros numériques est notre invitée.
🚀Nous évoquons l'origine des influenceurs virtuels : De Hatsune Miku à Lu do Magalu, en passant par Lil Miquela et Noonoouri.
⚡️Nous décryptons les apparences des influenceurs virtuels : les manga cartoons, les influenceurs anthropomorphes (formes animales), les hypers réalistes et les méta humains (personnages virtuels avec des caractéristiques humaines)
🤖Nous dévoilons comment les influenceurs virtuels peuvent servir des causes telles que la biodiversité (NFBEEs), le syndrome de Down (Kami, l'Oréal et la beauté pour tous) ou incarner le visage de l'innovation digitale à travers un personnage virtuel comme LIVI pour LVMH.
 


Sabine Luxurytail :

Bonjour, Muriel. Bienvenue à toi. Est-ce que tu peux te présenter ?

Murielle Ballayer :

Alors, écoute, j'ai un peu de parcours en agence de communication, notamment dans le développement commercial, la chasse commerciale et le marketing de l'offre. Et puis récemment, je m'intéresse, on va dire depuis six ans au monde de l'influence virtuelle en prenant en compte des signaux faibles de la société, l'importance du storytelling des marques, la montée en puissance des influenceurs virtuels, l'importance de générer une communication impact. Et tout ça m'a conduit à créer Kol me Iconic, la fabrique des super- héros numériques.


Sabine Luxurytail :

J'adore la fabrique des super- héros numériques. Depuis six ans, on peut dire que tu es quand même une experte des influenceurs virtuels. Finalement, pour débuter ce podcast, est-ce que tu peux nous donner ta définition des influenceurs virtuels ? Parce que tout le monde en parle, mais c'est quoi exactement ?

Murielle Ballayer :

Les influenceurs virtuels, ce sont des personnages de fiction qui évoluent sur une plateforme sociale digitale, qui vont fédérer des communautés autour de centres d'intérêts communs. Exactement la même chose qu'un influenceur humain. La seule chose, c'est comme il s'agit d'un personnage de fiction, ils sont plus contrôlables, plus créatifs, plus flexibles. Ils n'ont aucune limite dans leur évolution. C'est pour ça qu'ils sont des médias durables et qui permettent un storytelling long et développer surtout une image mémorable des marques, des organisations ou des produits.

Noonoouri et Chiara Ferragni en Schiaparelli
Noonoouri et Chiara Ferragni en Schiaparelli

Sabine Luxurytail :

D'accord. Finalement, ça existe depuis quand ? Si tu devais un petit peu nous donner les origines des influenceurs virtuels, on partirait de la France ou partirait de quel pays ?

Murielle Ballayer :

Il y a trois grands foyers autour de l'influence virtuelle.

Le premier, c'est le Japon, la Corée, avec notamment Hatsune Miku en 2007. Donc, ça date déjà d'un certain temps.

Podcast Luxurytail : Hatsune Miku - influenceur virtuel
Podcast Luxurytail : Hatsune Miku - influenceur virtuel

Ensuite, le deuxième foyer, c'est l'Amérique du Sud avec un personnage qui s'appelle Lu do Magalu, qui a été créé il y a déjà aussi une bonne quinzaine d'années.


Podcast Luxurytail : Lu Do Magaly -  influenceur virtuel
Podcast Luxurytail : Lu Do Magaly - influenceur virtuel

Et puis, on a les États-Unis avec Lil Miquela en 2016 et bien après, vient l'Europe avec Noonoouri en 2018.

Podcast Luxurytail : Lil Miquela  -  influenceur virtuel
Podcast Luxurytail : Lil Miquela - influenceur virtuel

Et de façon plus récente, la Chine. On pense souvent effectivement que la Chine, est le terreau de l'influence virtuelle. Les premiers influenceurs virtuels sont arrivés en Chine en 2021, mais avec la crise du Covid, le méta-humain en Chine fait aujourd'hui 300 000 entreprises.

Sabine Luxurytail :

Le méta-humain, c'est quoi ?

Murielle Ballayer :


Le méta-humain, c'est un influenceur virtuel qui prend des caractéristiques humaines et qui est animé généralement en live. Tu as de plus en plus de mal à distinguer l'être humain de l'influenceur virtuel. C'est la percée des nouvelles technologies et les progrès, notamment sur les outils de motion capture facial et corps.

Sabine Luxurytail :

Déjà, Murielle, un grand merci pour cette introduction très claire. Pour toi, quels seraient les deux ou trois influenceurs virtuels qui seraient vraiment les références ?

Murielle Ballayer :


Moi, j'aime beaucoup aller creuser le sujet en partant de l'origine. L'origine, on a dit tout à l'heure que c'était le Japon et au Japon, il y a un influenceur virtuel qui dépasse tous les autres, c'est Hatsune Miku.
Hatsune Miku, c'est un personnage de type manga qui est décrit comme étant âgé de 16 ans, qui mesure 1m58, qui pèse 42 kilos. Ça, c'est pour la petite histoire. Mais ce qui est incroyable dans l'histoire d'Hatsune Miku, c'est qu'elle réunit tous les ingrédients qui font un bon influenceur virtuel. Elle a été lancée par Yamaha et Kripton Media pour incarner un produit, donc une bibliothèque de son, une bibliothèque de synthèse vocale. Au lieu de vendre cette bibliothèque de synthèse vocale de façon très technique, ils ont décidé de l'incarner à travers un personnage qui est devenu très attachant pour les Japonais notamment, et tellement attachant qu'on a imaginé autour un storytelling et qu'elle est devenue une chanteuse de la pop culture extrêmement célèbre

Podcast Luxurytail : HatsuneMiku -  influenceur virtuel
Podcast Luxurytail : HatsuneMiku - influenceur virtuel

Elle a des milliards de vues sur YouTube. Je ne parle pas en millions, je parle vraiment en milliards et des millions de fans. Elle a fait des scènes musicales en hologramme. Ce qui est assez fantastique sur le projet, c'est que si elle a réussi véritablement à engager les audiences, c'est qu'autour du personnage, il y a eu un jeu qui s'appelait le Project Diva, c'est-à-dire que n'importe qui pouvait lui écrire un texte. L'idée, c'était que ce texte, cette chanson pouvait être chantée par Hatsune Miku, notamment en fait, en concert sur une scène musicale. Il y a eu effectivement cet engagement extrêmement important. Véritablement, on est sur des ingrédients. Beaucoup d'influenceurs virtuels ont ensuite imité, notamment, le modèle de Lee Miquela on va y revenir, alors que véritablement,
Le modèle de l'influence virtuelle réussie, c'est celui d'Hatsune Miku.

Podcast Luxurytail : HatsuneMiku -  influenceur virtuel
Podcast Luxurytail : HatsuneMiku - influenceur virtuel

Je fais une petite parenthèse sur Lee Miquela, qu'on connaît bien en Occident. C'est trois millions de followers sur Instagram, trois millions de followers sur TikTok. Là, c'est ce qu'on appelle un personnage virtuel hyper réaliste. Le corps du personnage est un mannequin. Quand on regarde le feed de Lil Miquela, on voit quelquefois que les mensurations bougent un petit peu, parce que les mannequins changent. Par contre, c'est sa tête qui est prise en 3D. Lee Miquela c'est une jeune fille qui va raconter sa vie et ses déboires au même niveau qu'un influenceur humain classique.
Podcast Luxurytail : Lil Miquela -  influenceur virtuel
Podcast Luxurytail : Lil Miquela - influenceur virtuel

Sabine Luxurytail :


Ce qui est intéressant dans les influenceurs virtuels, c'est qu'ils ne vieillissent jamais, ils ne vont pas grossir, ils vont toujours avoir la même tête à quelques évolutions près. Et les followers qui vont les suivre, ils vont toujours voir la même personne.

Murielle Ballayer :


Exactement. C'est pour ça qu' il y a une identité extrêmement mémorable et durable. Quand on parle d'un influenceur humain, ça dure une vie aujourd'hui, c'est six ans, huit ans, parce que les réseaux sociaux, c'est extrêmement chronophage et c'est épuisant. Quand on travaille avec un influenceur virtuel, il peut être animé par l'équipe A aujourd'hui et demain, ça peut être une équipe B, une équipe C. Donc, son storytelling est constamment renouvelé. Par contre, le personnage devient iconique parce qu'il ne bouge pas du tout.


Sabine Luxurytail :

C'est intéressant, mais du coup, tous les influenceurs virtuels se ressemblent ou pas ?

Murielle Ballayer :


Beaucoup d'influenceurs virtuels, donc beaucoup d'apparences différentes. Je vais les classer en quelques familles.

  1. On a la famille des mangas

  2. On a la famille, je dirais plutôt du cartoon,

  3. La famille ensuite de ce qu'on appelle l'anthropomorphe, c'est- à- dire généralement des animaux ou des formes animales avec deux bras, deux jambes.

  4. Ensuite, on a l'hyperréaliste de type Lee Miquela.

  5. Et puis, beaucoup plus loin, comme on l'a dit tout à l'heure, une meta-human où là, véritablement, on est sur des personnages virtuels, mais je dirais toutes les caractéristiques et la fluidité d'un humain.


Sabine Luxurytail :

Est-ce qu'il y a un influenceur virtuel qui marche plus qu'un autre ou finalement, avec toutes ces différences, ils ont le même succès d'audience ?

Murielle Ballayer :


L'audience ne dépend pas de l'apparence. L'audience va avant tout dépendre du storytelling et de l'usage de l'influenceur virtuel. Là, on pourra parler tout à l'heure des personnages virtuels qui ont réussi, mais ça n'a rien à voir avec l'apparence du personnage.

Sabine Luxurytail :


L'apparence, ce n'est pas ça qui va compter, c'est vraiment l'histoire, le storytelling, tout ce qu'il va y avoir autour.

Murielle Ballayer :


Exactement. Parce que tu peux avoir des influenceurs virtuels qui sont un type manga et qui fonctionnent et des influenceurs virtuels qui sont un type cartoon ou anthropomorphes, qui fonctionnent également. Arvi le Renard, en France, est un YouTubeur qui ne dévoile pas son identité, qui ne s'expose pas personnellement et qui a des millions de followers et des millions de vues, notamment sur TikTok.

Sabine Luxurytail :


Justement, tu parles de Arvi le Renard pour faire le lien avec la France. On en est où en France ? Est-ce que c'est un phénomène qui est connu ? C'est encore nouveau ? Est-ce que on est au même niveau ? Parce que bon, on connaît les Marseillais, mais là, on n'en est pas au même niveau. On en est où au niveau des influenceurs virtuels en France ?

Murielle Ballayer :


Moi, je me suis intéressée, comme je le disais tout à l'heure, à l'influence virtuelle en 2018. En 2018, à l'époque, nous avons lancé avec la Paris School of Luxury, qui est managée par Éric Briones et OneSparing, l'agence de communication dans laquelle j'étais, la première influenceuse virtuelle française qui s'appelait Gaia. L'idée véritablement de Gaia, c'était d'être une sorte de donneur d'alerte et de dire aux marques, aux organisations, «Attention, il existe des nouveaux vecteurs média pour vos prises de parole. » Gaia a duré le temps d'une année scolaire, c'était un projet mené avec les étudiants de la Paris School of Luxury. La première année de la Paris School of Luxury, elle a été la 101 étudiante de l'école, donc elle faisait vraiment partie de la team de l'équipe. Moi, au prisme de l'influence virtuelle, ce qui m'intéresse véritablement, c'est l'influence virtuelle à impact positif et des marques engagées.

Podcast Luxurytail : Gaia - Paris School of Luxury
Podcast Luxurytail : Gaia - Paris School of Luxury

Mais je vais citer ceux qui me touchent particulièrement.
● La première, c'est @bee_nfluencer. @bee_nfluencer, elle a été lancée par la Fondation de France pour la préservation des abeilles. Elle avait été lancée sur Instagram. Son compte aujourd'hui n'existe plus. Son compte est fermé puisqu'elle a muté dans le métavers, on va dire dans un jeu de gaming, pour parler là aussi de valeurs positives. Mais au départ, @bee_nfluencer, c'est une abeille. Donc là, on est dans l'incarnation animale qui, à travers des postes différents, va raconter une histoire, mais va aussi donner de bonnes idées, de bonnes astuces, de bonnes précautions et sensibiliser à la préservation et faire également la collecte de dons. Ma mémoire est bonne. Je crois effectivement que durant son laps de temps, elle a collecté 150 000 €, mais elle avait des followers comme Marion Cotillard. Ça, c'est pour @bee_nfluencer.
● Une autre influenceuse virtuelle que j'apprécie, c'est Kami. Kami a été lancée par la Fondation Down Syndrom, c'est la fondation en Angleterre sur la trisomie 21. Elle a été, elle aussi, créée à travers des bénévoles atteints de trisomie 21, des visages effectivement de centaines de personnes. Elle prend une incarnation digitale pour parler de la trisomie 21. L'oréal a utilisé Kami récemment, c'était au mois de juin, parce qu'ils sont mécènes du Palais augmenté.

Sabine Luxurytail :

C'est super intéressant. On a Kami, qui est cette influenceuse virtuelle qui représente finalement la communauté des personnes atteintes de la trisomie 21. L'oréal est mécène de Kami ?

Murielle Ballayer :


L'oréal est mécène d'une exposition qui s'appelle le Palais augmenté. C'est le festival dédié à la création artistique qui a lieu au Grand Palais au mois de juin. Et durant effectivement ce festival, beaucoup d'œuvres artistiques ont été présentées et Kami notamment a fait une apparition pour montrer son dressing, pour montrer ses coiffures. L'oréal, dans leur positionnement de la beauté pour tous, a utilisé cette image de Kami, ce personnage virtuel, pour parler d'inclusivité.

Sabine Luxurytail :

Donc là, c'est vraiment une action très forte que L'Oréal a faite au niveau de l'inclusivité, une action positive, je dirais, en utilisant une influenceuse virtuelle qui a été créée par des personnes qui elles-mêmes sont atteintes de trisomie 21.

Podcast Luxurytail : Kami L'Oréal Down Syndrome
Podcast Luxurytail : Kami L'Oréal Down Syndrome

Murielle Ballayer :


Exactement, en tout cas avec le concours. Et ce qui est véritablement intéressant, c'est que je pense qu'on n'expose pas du tout l'humain qui peut, je dirais, avec les difficultés qu'on peut avoir aujourd'hui à se présenter et se démarquer. En ayant une influenceuse virtuelle qui va plutôt incarner véritablement l'institution du Down syndrome, je trouve effectivement que c'est une démarche extrêmement intéressante.

Oui, dans un autre genre, mais qui a aussi un impact. On a LIVI qui a été lancée par le groupe LVMH il y a maintenant deux ans. A VivaTech, pas de cette année, elle est réapparue cette année, mais elle avait été lancée à VivaTech en .2022, exactement. Et là aussi, c'est comment j'incarne une prise de parole sur le digital. Plutôt, effectivement, d'incarner cette prise de parole par la direction digitale ou par la direction d'innovation qui une durée et une vie courte dans une entreprise. Là, on va incarner le visage de l'innovation du groupe à travers un personnage virtuel qui est mémorable, qui est au départ dans une site B2B, mais demain peut être véritablement dans une site B2C et qui va à la fois parler à l'interne, qui devient un support ou une icône référente sur ce visage de l'innovation, en interne et en externe.

Podcast Luxurytail : LIVI _ LVMH
Podcast Luxurytail : LIVI _ LVMH


Sabine Luxurytail :


C'est le porte- parole du groupe LVMH, version Influenceuse virtuelle.

Murielle Ballayer :

Exactement, sur leur programme d'incubation de start- up. Mais ce sont autant d'usages différents qui montrent que l'influence virtuelle peut véritablement être utilisée dans la communication de valeur ou pour incarner des programmes, des sujets qui seraient difficilement incarnés par un seul être humain.

Sabine Luxurytail :

Super, merci Muriel. C'est hyper intéressant et hyper instructif. Dans un autre registre, finalement, j'aimerais bien avoir ton avis sur : En quoi est-ce plus intéressant, finalement, de suivre un influenceur virtuel versus un influenceur humain ? Pourquoi est-ce que les influenceurs virtuels, finalement, ont-ils autant de succès ?

Murielle Ballayer :


Moi, je n'oppose jamais l'influence virtuelle et l'influence humaine. Pour moi, l'influence humaine est extrêmement bonne dans ce que j'avais appelé la communication commerciale. Quand on utilise des influenceurs virtuels pour tester des marques de beauté, pour tester des vêtements, je trouve ça un peu malheureux. Je trouve que c'est est un peu trop fake. Alors que quand on utilise l'influence virtuelle sur la communication de valeur, c'est-à-dire par exemple sur le discours corporate, sur la marque employeur, sur la RSE, on utilise véritablement le potentiel de ces personnages pour incarner des messages. Donc, tu vois, je ne les oppose pas du tout. Pourquoi un influenceur virtuel va fonctionner ? Il va fonctionner parce qu'il répond à des demandes complexes des consommateurs. Le premier, c'est qu' une marque aujourd'hui, pour attirer des audiences, elle a besoin d'avoir un discours précis et un récit de marque percutant. Une influence virtuelle peut le faire. Une marque aussi a besoin de valoriser son produit. Quand je parle effectivement de la valorisation d'un produit, tout le monde peut acheter un rouge à lèvres entre un rouge à lèvres de Dior ou un rouge à lèvres de Chanel, on est tous d'accord, ce sont des produits de qualité. Par contre, ce qui va différencier le choix, c'est véritablement l'image, soit mission, généralement sociale, sociétale ou environnementale de la marque. En tout cas, quelles sont les valeurs dans le produit que j'achète ? Je veux dire à quelle valeur je veux être associée ? Et là, l'influence virtuelle peut véritablement répondre aussi à cet enjeu.


Sabine Luxurytail :

Mais est-ce que les marques de Luxe, on a cité LIVI pour le groupe LVMH. Mais est-ce que tu as des exemples de marques de luxe qui utilisent des influenceurs virtuels ?

Murielle Ballayer :

Beaucoup. L'influence virtuelle, on l'a dit tout à l'heure, est extrêmement développée en Asie, notamment au Japon et en Corée. Il y a effectivement un personnage virtuel qui s'appelle IMMA. Imma a été utilisé par des dizaines et des dizaines de marques, que ça soit effectivement dans le luxe, que ça soit sur la beauté, sur la joaillerie, sur l'horlogerie, sur le textile. Même les plateformes sociales et digitales et e-commerce utilisent des influenceurs virtuels. Le groupe Alibaba utilise des influenceurs virtuels pour des gros événements de plus en plus répandus.


Sabine Luxurytail :

Je crois que j'ai vu sur Alibaba, on utilisait des influenceurs virtuels en live shopping.


Podcast Luxurytail Alibaba
Podcast Luxurytail Alibaba

Murielle Ballayer :

Exactement, tout à fait.

Sabine Luxurytail :


Au lieu d'utiliser une personne réelle, on va avoir ce live shopping. Je redonne la définition, la mission du live shopping, c'est quand vous êtes sur Internet et que vous pouvez en direct acheter des produits. C'est un peu le télé-achat français, mais sauf qu'on est sur Internet. Et là, au lieu d'avoir une vraie personne qui va animer ce live shopping, ce shopping vivant, on va avoir un influenceur virtuel qui va nous donner les bénéfices, les caractéristiques de tous les produits qu'ils vont nous proposer. Est-ce que c'est bien ça ?

Murielle Ballayer :

Exactement. Et le discours, il est contrôlé, maîtrisé et encore une fois, l'image est mémorable. Mais après, on parlait effectivement de sûrement des plateformes, mais L'Oréal a lancé aussi en Asie "Mr. Ou", qui, je dirais, incarne aussi certaines valeurs du groupe et qui aussi travaillé sur la présentation des caractéristiques du produit, des tutos et des avantages ou des bénéfices en utilisant tel ou tel produit.

Sabine Luxurytail :

Donc, avec "Mr. Ou" la cible, c'est la population Chinoise de L'Oréal ?

Podcast Luxurytail : Mr. Ou Virtual Idol en Chine pour L'Oréal
Podcast Luxurytail : Mr. Ou Virtual Idol en Chine pour L'Oréal

Murielle Ballayer :

Exactement.

Sabine Luxurytail :


Pourquoi on n'a pas ça ? Pourquoi on n'a pas Monsieur Durand en France ?

Murielle Ballayer :

Oui, j'adorerais. J'adorerais que des marques françaises travaillent davantage sur l'incarnation de leurs produits ou de leurs programmes ou de leurs marques à travers un influenceur virtuel. Ça commence.

Sabine Luxurytail :

Finalement, quel est l'intérêt de suivre un influenceur ou une influenceuse virtuelle ? Parce qu'en vrai, elle n'est pas vraie. On pourrait croire que c'est du fake.

Murielle Ballayer :

On suit un influenceur virtuel au même titre qu'on suit le héros d'une série qu'on aime, d'un film, d'un héros. On va le suivre pour l'histoire qu'il raconte, mais aussi pour les contenus qu'il va partager, pour les valeurs qu'il peut partager et d'une façon probablement plus authentique et plus transparente que l'influence humaine. Parce qu'un influenceur humain, à partir du moment où il utilise des filtres, à quoi il ressemble véritablement ? À partir du moment où il change de marque comme de chemise, quelles sont les marques qu'il cautionne véritablement ? À partir du moment où il est dans des décors qui sont hyper idéalisés, c'est quoi son vrai monde ? Un influenceur virtuel, il est faux, mais ça au moins, c'est vrai. Et c'est pour ça qu'on le suit, parce qu'on va rentrer, au moment où on va le regarder, dans la fiction, dans le monde de la fiction. Et donc, on accepte ce contrat de lecture qui est « Je vais apprendre, me divertir"


Sabine Luxurytail :

Si je comprends bien, notre influenceur virtuel, il peut être parfois plus authentique qu'un influenceur humain.


Murielle Ballayer :

En tout cas, le contrat de lecture est transparent, exactement.

Sabine Luxurytail :


C'est tout à fait clair, Murielle. Merci beaucoup. Finalement, aujourd'hui, les influenceurs virtuels s'attendent vers quoi et vont vers quoi ? C'est quoi leur avenir, selon toi ?

Murielle Ballayer :


Alors, je vais grossir le trait. Je pense qu'il y a deux grosses tendances.
La tendance la plus marquante, c'est d'utiliser des influenceurs virtuels pour singer les humains. Et ça, c'est véritablement malheureux. Je ne pense pas qu'on ait besoin de singer à nouveau les humains avec des personnages qui est à l'esthétique parfaite dans des décors extrêmement idéalisés. On le reproche suffisamment à l'influence humaine. Moi, je pense qu'encore une fois, l'influence virtuelle, elle a un véritable don pour la communication de valeur et on sait comment on en a besoin aujourd'hui pour traduire des missions sociales, sociétales ou environnementales.

Je donne un simple exemple avec Serena Williams. Serena Williams qui a lancé la poupée
Au départ, Serena Williams se promène dans les aéroports et sa petite fille à l'époque joue avec une petite poupée noire et donc beaucoup de personnes l'arrêtent en lui disant « Mais où est-ce que vous l'avez trouvé ? Parce qu'en fait, dans les magasins, c'est toujours des poupées blanches, etc. » Donc elle a trouvé que cet objet et ce jouet de son enfant pouvaient être valeur, en tout cas, porter certaines valeurs. Elle en a fait un personnage virtuel avec une société américaine. Ce personnage virtuel a un peu vécu sur les réseaux de Serena Williams pour ensuite avoir sa propre page sur Instagram, sa propre page sur TikTok et sur bien d'autres réseaux. Et donc elle va véritablement parler aux jeunes filles d'inclusivité, démarche personnelle, de confiance en elles. Et ça en fait aussi des bandes dessinées, des Shein, des outils de merchandising. Mais là, on voit qu' une influenceuse humaine ou une célébrité humaine comme Serena Williams, qui n'était pas forcément légitime à incarner certains sujets ou qui ne voulait pas s'exposer sur certains sujets, à travers un compagnon numérique, non pas un double numérique et pas de clonage, mais véritablement à travers un personnage de fiction né de A à Z, on peut transmettre de belles valeurs.

Sabine Luxurytail :

En effet, je vois qu'elle a plus de 327 millions de followers, ce personnage virtuel.

Murielle Ballayer :

Et là, tu es uniquement sur Instagram, mais si tu regardes sur TikTok, tu verras aussi qu'il y a une belle communauté.

Sabine Luxurytail :

Super. Merci beaucoup, Muriel, pour cet éclairage sur les influenceurs virtuels. Si tu avais un mot de la fin à nous dire, ce serait quoi ?

Murielle Ballayer :


Alors, pour moi, une influence virtuelle, elle incarne deux stratégies. Elle incarne la stratégie du marketing d'influence et elle incarne les stratégies de personal branding. Et ce qu'on sait aujourd'hui l'importance du marketing d'influence pour capter l'attention des audiences et on connaît le pouvoir du personal branding sur les algorithmes qui poussent effectivement ces contenus. Pour moi, l'influence virtuelle est effectivement sur ces deux stratégies fondamentales qui permettent de toucher les audiences.

Sabine Luxurytail :

Oui, et en plus, je rajouterais, par rapport à un ambassadeur humain, le coût, le retour sur investissement peut être aussi intéressant, finalement.

Murielle Ballayer :

Parfois, effectivement, le ticket de l'influence humaine est extrêmement cher et à partir du moment où on développe un influenceur virtuel, on va dire qu'on a un coût de setup qui peut être différent en fonction des technologies qu'on va utiliser, du nombre de contenus qu'on va avoir. Mais c'est vrai que l'influenceur virtuel nous permet de disposer ensuite d'une bibliothèque d'assets, d'une bibliothèque de contenu qui peut être réutilisée, exploitée et ensuite, effectivement, le ticket de cet influenceur est beaucoup plus abordable.


Sabine Luxurytail :

Donc, il faut dire aux maisons de Luxe de venir te voir dans ton agence pour qu'elles puissent créer des influenceurs virtuels, alors ?

Murielle Ballayer :

Exactement. Tant qu'il s'agit de messages à impact positif pour incarner une telle valeur avec grand plaisir.

Sabine Luxurytail :


Merci beaucoup, Muriel, pour ce moment passé avec toi et très instructif. Un grand merci à toi.

Murielle Ballayer :


Merci pour ton invitation. J'étais ravie de participer.

Sabine Luxurytail :

Rendez-vous très vite pour un prochain épisode, L'été luxe retail, le pouvoir du Web 3.



🎙️Podacast enregistré au Soho House le mercredi 5 juillet 2023



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